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Le château de Barnay à Saint-Martin-de-Lixy

Château de Barnay à St-Martin-de-Lixy Château de Barnay (AD71) Château de Barnay en 1741


Situation : au Sud de Saint-Martin-de-Lixy, dans un repli du versant occidental du Botoret, en contrebas d'un chemin secondaire détaché, vers le Sud, de l'axe Tancon-Robin-Saint-Denis-de-Cabanne ; à 3,150 km environ à l'Ouest-Sud-Ouest de l'église ; section A 345 du cadastre du XIXe siècle
Époque : XVe-XVIe siècle, sur une souche peut-être antérieure (?)
Affectation : habitation privée
État : très bon

Historique

La seigneurie de Barnay (Barnaye, Bernays, Bernayes, Bernois) est une des « plus anciennes (du Brionnais), puisqu'on voit, en 1066, Richilde, veuve d'Arduin de Barnay, entrer au couvent de Marcigny » (Mgr Rameau, Les anciens fiefs du Mâconnais). « On croit qu'(elle) fut, vers l'an 1180, la propriété du célèbre hérétique Valdo, fondateur de la secte qui, de lui, prit le nom de secte des Vaudois, et qui eut pour adeptes tous les pauvres de Lyon, du Dauphiné et du Midi » (Annuaire de Saône-et-Loire, 1856). Cette assertion, mainte fois répétée, est invérifiable.

D'après le manuscrit de Mgr Rameau précité, complété par L. Lex (Les fiefs du Mâconnais), Jean de Charlieu, chevalier, tenait en fief lige la maison de Barnay en 1368. Anthoyne de La Palu est seigneur de Gernouse, alias Genosse (Jarnosse, Loire) et de Bernois (Barnay) en 1478. François Thurins, écuyer, pannetier de la reine mère, est seigneur de Barnay, Villerest, Jarnosse vers 1560 ; il fait en 1573 une donation à son fils Philibert de Thurins, Conseiller au Parlement de Paris (Archives de Saône-et-Loire, B 1324).

Le fief passa par alliance à Christophe Damas, fils ou petit-fils de Jean Damas, seigneur de Vertpré, dont la première femme, Catherine Faye, sœur du seigneur de Jarnosse, avait testé à Barnay, avant de mourir en 1586 (ibidem, B 876). Christophe Damas, seigneur de Vertpré et Barnay en 1604, épousa Jeanne, fille de Pierre Austrein, seigneur de Jarnosse, Président du Parlement de Dombes, lieutenant de la sénéchaussée et du présidial de Lyon (ibidem, B 1351 : 1635-1638) : laquelle, devenue veuve, épousa en secondes noces Pierre de Lestouf de Pradines, seigneur d'Audour, Frouges et La Motte, et racheta les dîmes et rentes nobles que les chanoines de Saint-Paul de Lyon détenaient à Saint-Martin-de-Lixy.

Gilbert de Damas, écuyer, colonel d'infanterie, héritier testamentaire du comte de Damas son père, reprit de fief et donna, les 27 juin et 13 juillet 1703, le dénombrement des seigneuries de Barnay et Vertpré, que sa mère, Anne de Gambain, qualifiée de veuve en 1677 (ibidem, B 1177), avait elle-même reprises de fief le 24 mars 1679, en sa qualité de tutrice et usufruitière. Ce Gilbert de Damas, « chevalier, seigneur de Vertpré, Barnay, Vanoise, maréchal des camps et armées du roi », n'ayant pas eu d'enfants, légua ses biens à son neveu Etienne de Drée, écuyer, demeurant en la paroisse de Tancon, à l'occasion de son mariage ; le contrat de mariage, daté du 18 juillet 1724, fut reçu par Me Brunet, notaire à Issy-l'Évêque. Etienne reprit de fief le 20 mars 1739, et donna le dénombrement succinct des seigneuries de Vertpré et Barnay et du fief de Vanoise le 9 juillet 1740. Ces biens furent par la suite constitués en dot à Gilbert de Drée, son fils, lieutenant aux gardes françaises et chevalier de Saint-Louis, à l'occasion de son mariage avec Valentine-Adrienne-Elisabeth de Neuville ; le contrat de mariage fut passé le 8 juillet 1755 par-devant Me Bronod, notaire à Paris. Le nouveau seigneur reprit de fief le 9 janvier 1758 des terres, seigneuries et châtellenie de Bois-Sainte-Marie..., Vertpré, Barnay, Vanoise ou Saint-Martin-de-Lixy... entre autres. Etienne-Marie de Drée assistait à l'Assemblée des États de 1789.

Selon les matrices cadastrales de la commune de Saint-Martin-de-Lixy certifiées le 17 août 1829, Julien Lacroix, domicilié à Saint-Vincent (?), est, à cette date, propriétaire du manoir de Barnay compris dans un vaste tènement de la section A (345 à 347 bis ; 349 à 352) (*). A partir de 1845 sont inscrits successivement les noms de M. Augand, domicilié à Saint-Denis ; Jean-Marie-Alexis Bret, domicilié à Lyon, pour l'année 1845-1846 ; Imbert, supérieur des frères lazaristes, domicilié à Lyon, pour l'année 1872-1873 ; Dugave et Bransier, à Paris, pour 1876 ; l'Institut des frères des Écoles chrétiennes, pour l'année 1882-1883. Puis viennent, en 1908, les noms de Jean Robert, Jean-Baptiste et Pierre Rochigneux en indivision ; Pierre Rochigneux, seul, figure dans la matrice cadastrale pour l'année 1911-1912 ; vingt ans plus tard (1932) lui succède « Jean-Marie Rochigneux dit Joseph à Barnay ». Le château est demeuré dans cette famille, qui compte aux années 1960-1970 un Conseiller Général de Chauffailles tout dévoué aux intérêts de son canton.

Au cimetière de Saint-Martin-de-Lixy se voit encore la tombe de Jean Rochigneux, décédé le 24 octobre 1937, à l'âge de 67 ans, et de Marguerite Robert, épouse Rochigneux, décédée le 8 mai 1922, à l'âge de 53 ans ; la stèle est marquée par une croix de fonte néo-gothique.

(*) Détail des parcelles : A 345 = manoir ; 346 = jardin ; 347 = terre du château ; 347 bis = pré ; 349 = bâtiment (démoli en 1843 et reconstruit) ; 350 = terre ; 351 = pâture ; 352 = jardin.

Description

Le château de Barnay est, avec l'église, l'élément patrimonial le plus important de la commune de Saint-Martin-de-Lixy, encore rehaussé par la qualité du cadre dans lequel il s'enclôt.

Édifié dans la pierre de calcaire ocre des carrières de Chambarey, il se compose d'un logis en rectangle court, augmenté, sur la façade orientale regardant la vallée, de deux tours rondes que coiffent des poivrières ; la tour qui renforce l'angle Sud-Est présente un fruit important à la base, et laisse voir les orifices de petites meurtrières rondes, signe que le manoir était autrefois fortifié.

À l'opposé, la façade occidentale, donnant sur une cour intérieure fermée, est flanquée en son milieu d'une tourelle d'escalier ronde, creusée d'une porte en accolade circonscrite par une moulure en amande dont le blason est bûché ; deux fenêtres carrées se superposent à l'accès, éclairant le bel escalier en vis de stéréotomie particulièrement soignée.

Au rez-de-chaussée, la pièce qui occupe l'angle Sud-Ouest est une grande cuisine, éclairée sur la cour par des baies du XVIe siècle ; elle a conservé son plafond à la française et sa grande cheminée de pierre monumentale, à piédroits flamboyants et linteau timbré du blason des Damas. La demeure conserve cinq autres cheminées de même type, timbrées des mêmes armoiries (Respectant le droit des propriétaires, la présente notice ne donne d'autres éléments descriptifs que ceux qui ont été déjà publiés).

Le portail d'accès à la cour intérieure du domaine, au Sud, est ménagé dans un mur crénelé pourvu d'un chemin de ronde et prolongeant exactement le petit côté méridional du manoir. Son accolade, profondément moulurée, s'inscrit à l'intérieur d'une voussure enveloppante en anse de panier. La porte est surmontée d'un cartouche armorié, bûché et illisible, mais sans doute antérieur à l'entrée en possession des Damas (réemploi ?) : à sa droite se voit la trace, incomplète, d'une porte en plein cintre murée, dans l'intérieur de laquelle a été réemployée (?) une canonnière ovale (XVIe siècle ?) ; une autre canonnière, de même figure, flanque le portail à gauche. Il y a discordance entre le dispositif d'enceinte, tel qu'il se voit présentement, au droit, ainsi qu'on vient de le dire, et dans l'alignement du mur Sud du logis, et le schéma donné par le relevé cadastral de 1829. Ce dernier montre une clôture (?) en sensible retrait par rapport à l'actuelle, et qui s'appuyait, elle, à l'arête Nord-Ouest d'une construction (?) de plan carré, accolée par son côté oriental au gros œuvre du manoir et en saillie sur lui, jusqu'à son alignement sur le petit côté méridional. L'aspect actuel ne peut résulter que d'un remaniement, d'ailleurs habile, réalisé postérieurement au cadastre de 1829.

Hors œuvre de l'autre côté du chemin d'accès, soit au Sud-Ouest, une très belle grange en rectangle allongé, bien appareillée sous sa haute toiture à quatre pans, complète l'imposante perspective, telle qu'elle se développe avec une ampleur et une force réellement saisissantes depuis le chemin de desserte de la crête.

Documentation

- Archives de Saône-et-Loire, Série B 876, 1177, 1324, 1351.
- Matrices cadastrales de la commune de Saint-Martin-de-Lixy.
- Mgr Rameau, Les anciens fiefs du Mâconnais.
- L. Lex, Les fiefs du Mâconnais. Mâcon, Protat frères imp., 1897.
- Abbé L. Pagani, Châteauneuf et ses seigneurs.
- Annuaire de Saône-et-Loire, 1856.

Source : Fiche Monument du manoir de Barnay, inventaire de la commune de Saint-Martin-de-Lixy, AD71.

Complément : Découverte à "Barnet" de roches basaltiques par Dieudonné (Déodat) de Gratet dit Dolomieu et le comte Étienne de Drée son beau-frère.

Château de Barnay (ca 1900)

Le château de Barnay dans les années 1900 - Cliquez pour agrandir
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