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Branche de Drée de la Serrée (Mâconnais)

Château de la Serrée (71)

Philibert de Drée, époux de Philiberte Du Bois, dame de la Serrée, peut être considéré comme le chef de cette branche, puisqu'il porta le titre de seigneur de la Serrée. Il eut pour fils Antoine de Drée.

Le château de la Serrée est de la paroisse de Curtil-sous-Burnand (Saône-et-Loire). Un Annuaire du département porte : « Beau château de la Serrée, ayant anciennement appartenu aux Drée de Gorze, puis aux de Mucie, aux de Lavernette, à M. le marquis d'Autume, à M. de Jotemps (aujourd'hui à M. de Lavernette-Saint-Maurice). Ce château, jadis ceint de fossés larges et profonds, était flanqué de huit tours irrégulières, liées entre elles par de fortes murailles supportant des terrasses ; cinq de ces tours subsistent encore avec leurs mâchicoulis. La porte principale, qui a conservé ses mâchicoulis, est, comme l'ensemble de ce vieil édifice féodal, d'un aspect assez remarquable. »

I. Antoine de Drée. 1540-1552

Antoine de Drée épousa, par contrat du 7 novembre 1540, Claire de Vaudrey, fille de Simon de Vaudrey, seigneur de Mont-sous-Vaudrey, et d'Anne de Saulx, seconde femme de Philibert de Drée, son père. Le douaire fut réglé à trois cents livres de rente, et les bagues et joyaux à deux cents écus soleil. Nous avons vu que son père l'institua héritière de ses terres de la Serrée et de Panthier (1). Il mourut jeune, à l'âge de trente ans environ, laissant pour enfants : Guillaume, Antoine, Hugues et Guillaume, morts au service, Catherine, qui épousa Nicolas de Ferrière, Claire, Humberte et Jeanne, non mariées ou religieuses.

II. Guillaume de Drée. 1550-1628

« Guillaume de Drée, sieur de la Serrée, obtient de François, fils et frère du roi de France, duc d'Alençon, des provisions de la charge et capitainerie de cent arquebusiers à cheval. Ce prince les lui donnant comme à son cher et bien amé pour la parfaite et entière confiance qu'il a eu en ses bon sens, suffisance, vertu, expérience au fait de guerre, etc. Lesdites provisions données à Saint-Saulge, le 18 avril 1576 (2). »

(1) Fanthier (Côte-d'Or).
(2) Chérin.


« Messire Guillaume de Drée, escuier, seigneur de la Serrée, Corcelles et Saint-Marcellin, épouse, par contrat du 14 juin 1579, dame Claude, alias Claride de Gellan ou Gerland, dame de Souterrain, Meyre, la Bescherie en Bresse, fille de messire Denis de Gellan, baron de Thenissey, Rochefort, Nogent et Essarois, et de dame Françoise de Damas. Les bagues et joyaux de ladite de Gellan sont réglés à deux cents écus d'or ; son douaire est de deux tierces parties de tous les biens meubles et immeubles dudit de Drée (Chérin). » Claude de Gelan était veuve en premières noces de messire Antoine de Tennare, chevalier, sieur de Souterrain.

Guillaume de Drée reçut, en qualité de député de Bourgogne, lettres de passeport émanées de Henri, roi de Navarre, souverain de Béarn, contenant ordre de se trouver à Montauban avec les autres députés des Églises réformées, catholiques, associés et autres, pour assister à l'assemblée convoquée en ladite ville, à cause de la répartition de six cent soixante et tant de mille livres imposées sur lesdites Églises réformées ; lettres datées de Montauban, le 27 juillet 1579.

En 1582, il soutient un procès contre Guillaume de Drée, seigneur de Gissey, son oncle, au sujet de l'héritage de son père.

Le 9 mai 1588, Guillaume reçoit commission du duc de Montmorency pour conduire douze maîtres de la compagnie du sieur comte de Cruzille, comme son lieutenant.

« Guillaume de Drée, sire de la Serrée, obtient de Henri IV, roi de France et de Navarre, par lettres de ce prince, données à Saint-Vy, le dernier juillet 1595, don et gratification de la somme de 4500 écus, pour reconnaître les bons, agréables et recommandables services qu'il (son cher et bien amé Guillaume de Drée, seigneur de la Serrée) lui a faicts en ses guerres, et pour lui donner moyen de continuer et le récompenser des pertes qu'il a reçues en ses biens, pendant les troubles de ceux de la Ligue, en haine de l'affection qu'il avait au bien de ses affaires, et de trois rançons qu'il leur a payés, ayant été pris par trois différentes fois, etc. (1). »

Guillaume de Drée fut lieutenant de la compagnie d'hommes d'armes d'Avènes dont avait charge le maréchal de Retz, fut fait capitaine de Saint-Gengoux-le-Royal, à la place de Gengoul de la Piot, qui lui en fit sa démission, le 30 mars 1596.

Guillaume de Drée, capitaine de cent arquebusiers, chevalier de l'ordre du Saint-Esprit, fut chargé de présenter ses mémoires aux États généraux, en 1614 (2).

(1) Chérin.
(2) La Noblesse aux États de Bourgogne.


« Guillaume de Drée, par son testament en date du 9 août 1627, ordonne sa sépulture dans sa chapelle, près de sa maison de la Serrée; veut qu'on lui érige la tombe qu'il a fait graver ; fait des legs aux églises réformées de Salornay et de Bussy-en-Chalonnais, à nombre de ses domestiques ; lègue à René Emmanuel de Drée, fils aîné de son fils, religieux à Clugny, à Barbe de Drée, religieuse à Lieu-Dieu, et à Marie de Drée, religieuse de Lancharre, à Chalon, ses petites filles, à chacune, la pension viagère de huit livres ; à Jacques, Edme et Charles de Drée, ses autres petits-enfants, s'ils sont mis en religion, à chacun la rente de huit livres, sinon une somme de six-vingt livres, pour aider à dresser leur équipage ; à Guillaume et Léonard de Drée, ses autres petits-enfants, à chacun 150 livres, aussi pour dresser leur équipage ; à Kateline et Françoise de Drée, ses autres petites-filles, à chacune 200 livres, pour aider à les meubler ; puis il lègue encore aux enfants de Béraude de Drée, sa fille défunte et du feu sieur de Foncrenne ; et quant au surplus de tous ses biens, nomme et institue son cher et bien-aimé fils Salomon de Drée. Ce contrat fut scellé d'un petit sceau double chargé de cinq merlettes (1).

Messire Guillaume de Drée mourut le 7 mars 1628, et fut inhumé dans la chapelle de saint Sébastien, proche le château de la Serrée, paroisse de Curtil où est sa tombe sur laquelle il est représenté botté, éperonné et l'épée au côté ; son écu d'un côté, à droite, chargé de cinq merlettes, et celui de Vaudrey, à gauche. Voici son épitaphe :

+ EN CE LIEU GISENT LES OS DE MESSIRE GUILLAUME DE DRÉE,
SEIGNEUR DE LA SERRÉE, QUI, CONDUIT PAR LE SAINT-ESPRIT, CONDUIT
SON AME A DIEU, LE 7 DE MARS 1628. VIVE JESUS ET SA MERE.

AU SEUL SEIGNEUR J'AI FIANCE PARFAITTE.
IL ME PRENDRA EN L'ÉTERNEL REPOS.
AU SEUL SEIGNEUR J'AI FIANCE PARFAITTE :
AUPRÈS DE LUY MON AME AURA RETRAITTE,
ET CE TOMBEAU ENGLOUTIRA MES OS (2).

(1) Chérin.
(2) La chapelle de saint Sébastien n'existe plus ; à sa place on a construit la maison d'école et la mairie. La tombe de Guillaume de Drée est à l'église paroissiale (Lettre de M. Descombes, curé de Curtil.)


La tradition locale dit que Guillaume de Drée était très belliqueux. Les sept tours du château furent rasées. L'écusson de la famille de Drée se voit encore dans ce château. M. le comte de Jotemps, ancien propriétaire, affirme avoir employé au milieu d'un bassin qu'il fit construire dans la cour, un fût pyramidal, en pierre, portant aussi l'écusson de Drée.

Guillaume de Drée eut de Claude de Gellan : Salomon, Paul, écuyer, mort au service sans postérité, Béraude, mariée à Jacques de Saint-Amour, sieur de Foncrenne, dont elle eut Lazare, Marguerite, mariée au sieur de Courcheval, et Claudine, mariée à N. de Périeu, sieur de la Cour.

III. Salomon de Drée. 1603-1643

Salomon de Drée, fils de Guillaume, épouse, par contrat du 24 octobre 1603, damoiselle Antoinette de Thiard, fille de feu noble seigneur Héliodore de Thiard, capitaine de cinquante hommes d'armes des ordonnances du roi, gouverneur pour sa Majesté à Verdun, seigneur de Bixy, Bragny, etc., et de Marguerite de Busseuil. À ce mariage assiste Révérend Père en Dieu Cyrus de Thiard, évêque de Chalon, oncle paternel de la future et procureur spécial de Révérend Père en Dieu Ponthus de Thiard, conseiller du roi en ses conseils d'État et privé, ancien évêque de Chalon, grand-oncle, tuteur et administrateur de la future. La dot de ladite future fut fixée à 19030 livres dans laquelle fut compris un legs à elle fait par la feue dame de Montgomery, sa grand'mère.

Salomon de Drée fut choisi par délibération des États généraux de 1622, pour régler les différends entre les gentilshommes.

Haut et puissant seigneur Salomon de Drée, seigneur de la Serrée et la Bescherie, fut nommé élu de la noblesse du Mâconnais, dans rassemblée de ladite noblesse tenue à Mâcon, d'une commune voix, sauf le sieur de Champigny, qui a formé opposition pour le sieur de Montjouvant et Messé, à laquelle on n'a pas eu égard, en vertu des ordres du roi, le 9 septembre 1626, et chargés en cette qualité d'assister aux États du duché de Bourgogne, convoqués pour le 14 dudit mois (Chérin).

Salomon de Drée est nommé capitaine de Saint-Gengoux, à la place de Guillaume, son père, qui lui résigne à Paris le 20 juin 1627.

Par lettres de Henri, prince de Bourbon, des 25 juillet et 6 août 1635, il a pour mission de reconnaître les nobles qui se présenteraient pour être reçus aux États.

Salomon de Drée, écuyer, seigneur de la Serrée, commanda la noblesse du bailliage du Mâconnais en 1635, et se présenta avec ses armes, un soldat, un valet de chambre, montés chacun sur un cheval, trois valets et deux chevaux de bagage à la montre et revue des gentilshommes nobles des bailliages de Chalon et de Mâcon, pour se trouver au ban et arrière-ban de la noblesse de France, ladite revue faite les 16, 17 et 18 août 1635 par Étienne Corvault, conseiller du roi, commissaire des guerres (Chérin).

Salomon de Drée fut institué tuteur de ses enfants à la mort de Marguerite de Busseuil, arrivée le 21 décembre1642.

Le 22 juillet 1643, Salomon de Drée fait son testament olographe par lequel il ordonne sa sépulture dans l'église paroissiale de Curtil, en sa chapelle saint Laurent, de sa maison et seigneurie de la Serrée ; il institue pour son héritier universel son fils Charles de Drée et fait des legs à ses autres enfants et petits-enfants.

Châteaubriand, décrivant les tombes des chevaliers du moyen âge, s'écrie : « Ces écuyers semblent prier avec ferveur ; car ces vaillants hommes, antique honneur du nom français, tout guerriers qu'ils étaient, n'en craignaient pas moins Dieu du fond du cœur. »

Salomon de Drée eut pour enfants : Charles, René-Emmanuel, Barbe, Marie, Jacques, Edme, Guillaume, Léonard, Catherine et Françoise.

IV. Charles de Drée. 1620-1712

Charles de Drée, chevalier, seigneur de Saint-Marcellin, épousa, par contrat du 17 décembre 1643, Françoise de Foudras, fille de haut et puissant seigneur messire Christophe de Foudras, chevalier, seigneur de Contenson, et de dame Marguerite d'Albon. Les parents et amis furent : Révérend et illustre seigneur messire Guillaume d'Albon, doyen de l'Église, comte de Lyon, prieur de Montortier et Tarare ; illustre seigneur messire Gaspard de Foudras de Contenson, maître du chœur de ladite église, comte de Lyon, prieur d'Arlent ; messire Gaspard de Vichy, seigneur de Champron, lieutenant et gouverneur pour le roi au Pont-Saint-Esprit ; messire Gaspard d'Albon, marquis de Saint-Forgeux ; messire Jean-Pierre d'Albon de Salles, chevalier, seigneur de Saint-Marcel, etc. Ce contrat est passé au château de Contenson, en Forez.

Charles est, maintenu dans sa noblesse par jugement du 26 février 1669.

Messire Charles de Drée, seigneur de la Serrée, Saint-Marcellin, etc., paya la somme de 1425 livres pour le passage de frère René de Drée, son fils, destiné à être reçu chevalier de Malte, en la vénérable Langue d'Auvergne, le 17 novembre 1622.

Le 20 avril 1674, Françoise de Foudras-Contenson, femme de messire Charles de Drée, fait son testament olographe. Elle lègue à ses enfants, donne à son mari l'usufruit de ses biens, et institue pour son héritier universel Salomon de Drée, son fils aîné.

Le sieur de la Serrée (Charles de Drée) obtient le 8 juillet 1689 de M. l'Archevêque, comte de Lyon, primat de France, commandeur des ordres du roi et son lieutenant général au gouvernement de Lyonnais, certificat portant que le sieur de la Serrée a été nommé maréchal des logis à l'arrière-ban de Lyonnais, et qu'il en a même reçu la paye avant de partir en cette qualité.

Messire Charles de Drée, résidant à Saint-Ytaire en Mâconnais, fait son testament olographe le 20 juin 1712, par lequel il élit sa sépulture dans la chapelle de saint Laurent, en l'église paroissiale de Curtil, au tombeau de ses prédécesseurs ; il fait divers legs à ses enfants, et institue pour héritier universel Étienne de Drée son petit-fils.

Charles de Drée mourut le 5 novembre 1712, âgé d'environ 96 ans.

René-Emmanuel de Drée, frère de Charles, fut religieux profès à Cluny ; Barbe de Drée, religieuse au couvent de Lieu-Dieu ; Marie de Drée, religieuse au couvent de Lancharre à Chalon ; Edme de Drée fut reçu chevalier de Malte le 2 juin 1638 ; Jacques, Guillaume et Léonard de Drée, postérité inconnue ; Catherine de Drée épousa Jacques de Mâlin, chevalier, sieur de La Canche, dont elle eut Antoinette et Léonard de Mâlain ; Françoise de Drée épousa Marc-Antoine de Digoine, chevalier, sieur du Palais, dont elle eut Salomon de Digoine.

Charles de Drée eut pour enfants : René, Salomon, Marie, Gaspard, Henriette, Hilaire, Claude, Raymond, Marguerite, Péronne, Elisabeth.

En transcrivant les noms de cette légion d'enfants, nous ne pouvons nous empêcher de faire une comparaison tout en faveur de ces familles patriarcales ; une des plaies de notre époque est le nombre restreint des enfants, vice qu'il faut signaler et flétrir au nom de la religion, de la morale et du patriotisme.

V. René de Drée. 1646-1708

Bien que René de Drée n'ait pas succédé de fait à son père, puisqu'il mourut avant lui, nous en dirons quelques mots.

Né le 14 mars 1646, René de Drée fit ses preuves pour entrer dans, l'ordre de Malte, les 4 et 5 juin 1652 ; mais après la mort de ses frères aînés, il rentra dans le monde.

Par brevet du 3 mars 1672, daté de Versailles, le sieur de la Serrée (René de Drée) est fait cornette de la compagnie d'Ormissan, dans le régiment de Gassion.

Il épousa, par contrat du 11 juin 1681, Jeanne Damas, fille de feu messire Pierre Damas, chevalier, seigneur de Barnay, Verpré, etc., et de dame Anne Gambin, contrat passé au château de Verpré, paroisse de Tancon.

Le dernier mai 1699, Jeanne Damas, épouse de René de Drée, acheta la terre et seigneurie de Moulin-le-Bost, située en la paroisse de Saint-Maurice, moyennant la somme principale de 25000 livres et 600 livres d'étrennes.

Le 18 avril 1700, René de Drée fut convoqué par lettre du roi à se trouver aux États du duché de Bourgogne.

Lettre de S.A.S. Monseigneur Jules de Bourbon, du 28 mars 1703, portant qu'ayant appris qu'il (René de Drée) pensait à l'emploi d'élu de la noblesse du Mâconnais pour la prochaine élection, il (le prince) y donnait son agrément, étant persuadé qu'il ne peut être rempli d'une personne qui s'en acquitte plus dignement, ajoutant que les occasions de lui faire plaisir lui sont toujours très agréables, et qu'il lui donne avec bien de la joie son agrément pour cette charge.

René de Drée fut un des quatre gentilshommes choisis par S.A.S. Monseigneur Jules de Bourbon pour l'imposition de la capitation à l'égard de la noblesse dans la généralité de Bourgogne, 27 décembre 1703.

Étant en tournée par députation des États de Bourgogne et passant le pont à Mailly, il tomba malheureusement dans la rivière de l'Arconce, le 28 janvier 1708. Son corps ne fut reconnu que le 28 juillet suivant dans la Loire, au-dessous des chantiers de Digoin.

Salomon de Drée, frère de René, fut capitaine de cavalerie au régiment de Condé et mourut au service. Gaspard mourut au service, également capitaine au régiment de Condé. Claude de Drée fut d'abord aspirant à l'ordre de Malte, il fut même page du Grande-Maître ; il rentra dans le monde, devint capitaine au régiment de Touraine. Etant capitaine de grenadiers au régiment d'Orléans, il épousa Elisabeth Dufresne, le 25 janvier 1703 ; il fut tué à la bataille de Hochstedt, sans laisser de postérité. Hilaire de Drée fut religieux à Cunlhat (1), Raymond à Savigny, Marguerite, religieuse à Sainte-Marie de Charolles, ainsi que Elisabeth, Péronne, religieuses au couvent de Courpière, en Auvergne. On ne sait rien de Marie ni de Henriette.

(1) Cunlhat près d'Ambert (Puy-de-Dôme).

René de Drée laissa sept garçons et trois filles, savoir : Étienne, François, Gilbert, autre Gilbert, trois fils du nom d'Antoine, Marie, Charlotte et Bénigne.

On le voit, les Drée font partie de cette noblesse qui se relève en face de l'ennemi sur les champs de bataille. Elle se précipite avec ardeur à la suite du roi conquérant. Les Drée remplissent les armées de Louis XIV, et se montrent les dignes émules des anciens chevaliers (La Noblesse aux États de Bourgogne. Introduction.)

VI. Étienne de Drée. 1692-1772

Étienne de Drée, né le 20 mars 1692, épouse par contrat, du 18 juillet 1724 passé au château de Sérandez, paroisse d'Issy-l'Evêque demoiselle Jeanne de Siry, fille de feu François de Siry, chevalier, seigneur de Sérandez et la Faye, et de dame Claude Gevalois. Le même jour, Étienne est constitué héritier universel de messire Gilbert, comte de Damas, seigneur de Verpré, Barnay, Vanoise, etc., maréchal des camps et armées du roi, son oncle.

Haut et puissant seigneur messire Étienne, comte de Drée, chevalier, seigneur comte de la Bazole, baron du Banchet, seigneur de Châteauneuf, le Bois Sainte-Marie, Massilly, Verpré, Barnay, Moulin-le-Bost, Viry, etc., émancipe, le 23 novembre 1750, son fils, messire Gilbert, chevalier de Saint-Louis, sous-lieutenant au régiment des gardes-françaises.

Étienne de Drée reçut du roi Louis XV des marques de bienveillance et de haute distinction. C'est en sa faveur que la terre de la Bazole, paroisse de Curbigny, fut érigée en marquisat sous le nom de Drée, en mars 1767. Nous donnons en entier ce document qui rappelle l'antiquité, l'honorabilité et les services de la famille de Drée.

« Sa Majesté, convaincue que la noblesse d'extraction, conservée de siècle en siècle et soutenue par des services militaires et des emplois importants, a toujours été considérée comme le titre le plus favorable pour parvenir aux premiers honneurs ; voulant par ce motif donner une preuve de sa bienveillance à son cher et bien aimé Étienne, comte de Drée, seigneur haut justicier des terres et. seigneurie de la Bazole en Mâconnais, relevant en plein fief de son duché de Bourgogne, en les érigeant, et décorant du titre et dignité de marquisat de Drée ; étant instruit que la maison de Drée est l'une des plus anciennes de ladite province, que sa noblesse remonte avant l'année 1142, qu'elle tire son origine du château de son nom, situé au bailliage de Semur en Auxois, et que, dans le chœur de la paroisse de Drée, et surtout dans les églises des abbayes de Saint-Andoche d'Autun et de Labussière, à deux lieues de Drée, subsistent encore des monuments qui désignent et rappellent les hautes qualités dont jouissaient dès lors les seigneurs de ce lieu et les dons considérables qu'ils firent à l'église de ce lieu, et à l'abbaye de Saint-Seine ; étant ledit seigneur roi informé que les descendants de cette maison, nobles de nom et d'armes, ont toujours été attachés au service des rois, ses prédécesseurs, qu'en 1582, Guillaume de Drée, seigneur et comte de la Serrée, gentilhomme de la chambre de Henri III et chevalier de son ordre, avait été fait capitaine de cent arquebusiers à cheval, par commission du 18 avril 1576 ; qu'en 1595, Henri IV lui fit don de 4500 écus, en récompense des services importants qu'il lui avait rendus et à l'État ; que les ancêtres du comte de Drée ont commandé la noblesse du Mâconnais ; qu'ils ont rempli différentes commissions importantes aux États généraux de la province de Bourgogne et à ceux de France, tenus à Sens et à Montauban ; que plusieurs de cette maison, et notamment René, père dudit comte de Drée, ont été admis dans l'ordre de Malte, et Claude, son frère, sur les preuves qu'ils avaient faites ; qu'il (ce dernier) était capitaine de grenadiers au régiment de Chartres et fut tué à la bataille de Hochstedt, et que ses deux frères aînés, capitaines de cavalerie, moururent au service ; étant pareillement informé que François de Drée, enseigne de ses vaisseaux, frère aîné dudit Étienne, comte de Drée, fut tué en 1711, dans le combat naval donné près de la Havane, que deux autres de ses frères vivants sont actuellement à son service ; considérant que la famille dudit sieur comte de Drée est alliée aux principales maisons nobles du royaume ; ayant encore égard aux services de Gilbert, son fils unique, chevalier de son ordre royal et militaire de Saint-Louis, ancien lieutenant au régiment des gardes françaises, retiré à la suite des blessures qu'il a reçues à Fribourg, en Flandre, à l'attaque du chemin couvert ; informé d'ailleurs que la terre de la Bazole était dès l'année 1638 érigée en comté ; que cette terre est en toute justice et a des droits fort étendus sur différentes paroisses, et qu'elle est décorée d'un grand et magnifique château, l'un des plus beaux du Mâconnais ; sa Majesté a créé, élevé et érigé ladites terre et seigneurie de la Bazole, auxquelles celles de Bosdemont, Vareilles et partie de Curbigny ont été réunies par lettres du mois de mars 1543, en titre et dignité de marquisat, pour en jouir, par ledit Étienne, comte de Drée ses enfants et postérité nés et à naître en légitime mariage, sous la dénomination de marquisat de Drée. » Ces lettres données à Versailles et signées Louis (Chérin).

Étienne de Drée et son fils sont convoqués par le roi aux États de Bourgogne en mai 1772.

Les enfants d'Étienne de Drée furent : Gilbert, Claudine et Gilberte.

Marie et Charlotte de Drée, sœurs d'Étienne, furent religieuses Ursulines à Cunlhat, en Auvergne, moururent à Lagnieu, la première en 1770, la seconde en 1768 ou 1769. François de Drée, enseigne de vaisseau, fut tué au combat naval donné près la Havane, en 1711. Gilbert de Drée, d'abord religieux au chapitre noble de Savigny, puis chanoine de Saint-Claude, abbé de Cunlhat et prieur de Saint-Just-en-Chevalet, mourut en 1774, à l'âge de 89 ans. Un autre Gilbert de Drée fut religieux au chapitre noble de Savigny et mourut en 1731. Antoine de Drée fut nommé lieutenant au gouvernement de Metz par commission du roi, le 14 mai 1754, commandeur de Saint-Louis, maréchal de camp en 1770, mort à Metz, en 1771. Autre Antoine de Drée, capitaine de vaisseau, eut le commandement de notre marine à Mahon, après la prise de cette place, en 1756 ; il épousa, en 1732, Lucrèce de Durand, à Toulon, et fut le chef de la branche de Provence ; il mourut le 27 mai 1775. Autre Antoine de Drée, grand sacristain de Savigny, succéda à Gilbert, son frère, comme prieur de Saint-Just, mort en 1777.

VII. Gilbert de Drée. 1725-1774

Gilbert de Drée, né le 22 novembre 1725, baptisé dans l'église de Saint-Étienne de Tancon, fut premier enseigne en la compagnie du sieur de Razilly, dans le régiment des gardes-françaises, puis lieutenant au même régiment. Nommé chevalier de Saint-Louis en 1746, il fournit ses preuves de noblesse le 30 juillet 1754.

Par contrat passé à Paris le 8 juillet 1755, Gilbert de Drée épouse Valentine-Adrienne-Elisabeth de Latre de Neuville, fille de feu Charles-Valentin de Latre, comte de Neuville en Artois et de Marie Bochard de Champigny. Au mariage assistent ou consentent : très haute, très puissante et très illustre princesse madame Charlotte de Lorraine, princesse d'Armagnac, Mgr Louis de Gand de Mérode de Montmorency, prince d'Issenghien, maréchal de France, et dame Marguerite-Camille de Grimaldi de Monaco, son épouse ; Mr Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu, pair et maréchal de France ; Jean Rigoley, chevalier, premier président en la Chambre de Bourgogne et Bresse, et Françoise de Siry, son épouse ; Louis-Gabriel Leprêtre de Vauban, marquis de Vauban, et Marie Simonet de Beaurepaire, son épouse ; Jacques-Philippe-Sébastien Leprêtre, comte de Vauban, et Anne-Josèphe de la Queille, son épouse ; Françoise-Henriette Leprêtre de Vauban, abbesse de Port-Royal, cousine paternelle du futur ; Nicolas de Vichy-Chamron, chevalier, conseiller du roi, trésorier de la Sainte-Chapelle, cousin du futur ; Marie-Eugène, de Montjouvet, grand sacristain de l'Église, comte de Lyon, cousin du futur ; Adrien de Latre d'Ayette, chanoine de la cathédrale de Tournay, Jacques-Théodore de Bryas, chanoine et doyen de la cathédrale de Saint-Omer ; Illustrissime et Révérendissime seigneur Monseigneur Jean de Bonneguise, évêque d'Arras ; Jean de Baraille, vice-amiral de France, dame Louise-Françoise Bigres, veuve de messire Eusèbe-Jacques Chassepoux, chevalier, marquis de Verneuil, introducteur des ambassadeurs, amie ; Philippe-Auguste le Hardy, chevalier, seigneur de Boliard, gouverneur de Meaux ; M. l'abbé de Prusly, etc. (1).

Lettres patentes du Parlement de Paris relatives à un échange de biens entre le roi et Gilbert, marquis de Drée, en 1772 et lettres d'évocation au Conseil du roi d'une contestation relative à un échange en faveur du même, en 1781 (2).

(1) Chérin.
(2) Archives nat.


Gilbert de Drée eut pour enfants : Étienne, Elisabeth-Marie-Valentine, Charles-Antoine-Théodore, Anne-Louise-Albertine-Gilberte, Marc-Antoine-Gilbert, Antoine-Gilbert.

Claudine de Drée, sœur de Gilbert, épousa Jean Gaspard, marquis de Saint-Amour.

Gilberte de Drée, son autre sœur, épousa, le 25 février 1759, le marquis de Damas, seigneur du Rousset, en Forez.

VIII. Étienne de Drée. 1760-1848

Étienne de Drée, né à Roanne, le 25 février 1760, chevalier, capitaine au régiment de Bourbon, est reçu en la Chambre des comptes de la noblesse de Bourgogne en 1787 (Fatras généal., Juigné, tom. VI, p. 104).

Le marquis Étienne de Drée fut membre du directoire en 1795, député de Saône-et-Loire de 1815 à 1816, et de 1828 à 1837, conseiller général de Chauffailles et de la Clayette de 1800 à 1837, minéralogiste et géologue éminent ; sa collection a été acquise par l'État en 1820 ; auteur d'un mémoire sur l'amélioration de la race bovine du Charolais (Mâcon, 1824).

Il épousa 1° Mlle Marie-Charlotte de Clermont-Montoison, dont il eut Gustave et Auguste ; 2° Alexandrine, fille sœur du naturaliste Dolomieu dont il eut : Déodat, Adrien, Alphonse, Lucile, Zoé.

Étienne de Drée mourut en 1848.

Sa sœur, Elisabeth-Valentine, née en 1759, mourut au berceau. Charles-Antoine-Théodore, né le 24 juin 1761, baptisé à Curbigny, devint lieutenant au régiment d'Auxerrois, ne fut pas marié. Anne-Louise, née le 17 décembre 1762, baptisée à Curbigny, épousa le comte de Pont, frère de Mgr de Pont, évêque de Moulins. Marc-Antoine-Gilbert, né en 1767, mourut au berceau. Antoine-Gilbert, né le 1er décembre 1770, baptisé à Roanne, fut admis de minorité au nombre des aspirants à l'ordre de Malte, le 11 janvier 1776. Son père paya pour son passage la somme de 6733 livres 6 sols 8 deniers.

IX. Postérité d'Étienne de Drée. Epoque contemporaine.

1er mariage : Gustave et Auguste de Drée

I. Gustave, comte de Drée, né à Roanne, le 19 décembre 1784, officier du premier Empire (1806-1825), épouse en 1822 Zoé de Beaurepaire, dont il a Stéphen, Georges et deux filles, Valentine et Camille. Il mourut à Sennecey-lès-Mâcon en 1836.

Stéphen, marquis de Drée, né à Sennecey en 1828, épousa Mlle Totain, dont il eut Maurice, né le 28 janvier 1860. Il mourut à Asnières (Seine) en 1887.

Georges, comte de Drée, officier de cavalerie, puis directeur des haras, marié à Sarah de Raimbouville, sans enfants.

Valentine de Drée épousa le comte Armand de Pracomtal, dont deux enfants, André, décédé, et Max.

Camille de Drée, mariée au marquis Germain Prévost de Sansac de la Vauzelle, mort à Paris en 1870, pendant le siège, eut plusieurs enfants, dont : Henri, officier de cavalerie, Georges et Berthe, qui a épousé le comte Alexandre de la Baume.

II. Auguste, comte de Drée, épousa Mlle du Rozier, dont il eut Adine.

Adine de Drée épousa en premières noces le comte de Meffray, dont elle eut Henri, comte de Meffray, marié à Jeanne Coppens de Fontenay. Elle épousa ensuite Alphonse Moraud, comte de Callac, qui fut préfet de la Côte-d'Or du 16 mai 1868 au 29 octobre 1869, puis préfet d'Ille-et-Vilaine, élu sénateur de ce département le 5 janvier 1888, dont deux enfants, Alain et Bertranne de Callac.

2° mariage : Déodat, Adrien, Alphonse, Lucile et Zoé de Drée.

I. Le comte Déodat-Albert de Drée, officier de cavalerie, épousa Henriette-Laurence, fille de Jacques Parigot de Santonay, ancien capitaine d'infanterie, et de Jeanne-Marie Languet de Sivry. Il eut pour fils le comte Albert de Drée, propriétaire au château de Santenay, et Henri, mort à Paris en 1865. Déodat mourut à Paris en 1876, à l'âge de soixante-dix-huit ans.

II. Adrien de Drée épousa Mlle de Laurencin, dont il eut deux filles, mariées, l'une à Alexandre de Couffon de Kerdelech, qui a un fils, Adrien, et deux filles, Jeanne-Marie et Jeanne ; l'autre au marquis de Laroche-Fontenilles, dont un fils, Gilbert, officier de cavalerie, marié avec Mlle Thérèse Laperche.

III. Alphonse de Drée, général de brigade, mourut à Dra-el-Mizan (Algérie) le 14 septembre 1859.

IV. Lucile de Drée épousa le comte Maxime de Monspey, pas d'enfants.

V. Zoé de Drée épousa Charles de Montela, eut deux filles : Alexandrine, non mariée, et Lucille, mariée au comte Annibaldi Biscotti, colonel piémontais.

Source : Histoire de Drée, de Verrey-sous-Drée et de la maison de Drée, par l'abbé P. Ferret (1889) - BnF Gallica.

Complément : Procès verbal de preuves pour Malte (langue d'Auvergne) de Raymond de Digoine du Palais dont l'un des ancêtres est Salomon de Drée de la Serrée (AD69, 48H94-1, vues 111-122/379) GeneaNet et Archives départementales du Rhône.

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