gif

Description de l'église paroissiale Saint-Austrégésile


Situation : au bourg ; section A 951 du cadastre du XIXe siècle
Epoques : chœur conservé de la fin de la période romane ; nef et pseudo-croisillons, XIXe siècle (v. 1840) ; clocher postérieur à 1845
Affectation actuelle : culte catholique
État : très bon

Historique

« L'église, qui était en 1672 sous les vocables de Saint Philippe et Saint Jacques, est aujourd'hui sous celui de Saint Austrégésile ; elle était à la présentation du chapitre de Mâcon, et relevait de l'archiprêtré de Beaujeu, puis de Charlieu ... En 1685 étaient décimateurs, les chanoines de Saint-Pierre de Mâcon, le duc de Lesdiguières et le curé » (Mgr Rameau, Les paroisses de l'ancien diocèse de Mâcon, ms.)

La Visite du 20 juillet 1746 précise que « l'église est tenue avec peu de soin ; le clocher est une grande tour carrée peu élevée, couverte en tuiles plates. Chapelle du seigneur extra tectum voûtée, basse, plus enfoncée que le sol du chœur ; l'évêque l'interdit jusqu'à ce que les réparations soient finies. Confrérie du Saint Sacrement établie en 1712. »

Le dossier de reconstruction presque totale de l'église dans le cours du XIXe siècle n'est pas conservé aux Archives de Saône-et-Loire. Une fiche de renseignements statistiques en date du 20 décembre 1845, signée par le maire Odin, précise toutefois que « l'église est battie de 5 à 6 ans » (soit 1839-1840) ; « assez vaste pour la population il y manque le cloché que la commune ne peut faire à cause de son épuisement pour les dépenses de l'église et de la grêle de 1842 et 1844, et du désastre de l'ouragant de 1842. Pour construire ledit cloché conformément à l'église, il faudrait environ huit mille francs ». Or « la commune n'a aucun fonds, elle est obérée pour la construction d'une maison d'écoles. La fabrique peut avoir en caisse mille francs » : d'où un déficit de 7000 francs (Archives de Saône-et-Loire. Série O : Mussy-sous-Dun).

Le même dossier mentionne encore que le clocher, foudroyé le 4 mai 1927 (il aura donc été édifié entre 1845 et 1927), a été restauré peu après ; un marché de gré à gré fut passé à cette fin le 24 juillet 1927, entre Jean-Marie Desmurger, maire de Mussy, et Louis Mazille, entrepreneur à Cours (Rhône) ; ce document stipule que les travaux, d'un montant de 7700 francs, devront être achevés avant le 1er décembre 1927 ; la réception d'œuvre fut signée le 18 février 1928.

Description

L'église de Mussy-sous-Dun se compose d'une nef de cinq travées flanquée de bas-côtés, d'une travée de chœur, sur laquelle s'ouvrent au Nord et au Sud, par des arcades doublées du côté intérieur et fortement brisées, deux chapelles carrées faisant office de croisillons, et d'une abside semi-circulaire.

L'abside, incontestablement romane, est l'élément le plus intéressant de l'édifice. Couverte d'un cul-de-four légèrement brisé, que souligne un bandeau décoré, comme à Châteauneuf, de deux rangs de disques, elle a son pourtour allégé par une galerie de cinq arcatures en plein cintre, à mouluration concave, et reçues, aux extrémités, par deux colonnettes en délit ; dans l'axe, par deux pilastres décorés. Les deux arcatures extrêmes, plus petites, sont ajourées de baies en plein cintre ; les trois autres, de plus grand diamètre, étaient ajourées de trois fenêtres, sensiblement concentriques ; la baie axiale a été tronquée par le percement de la porte s'ouvrant sur le rez-de-chaussée du clocher, et l'abside s'en trouve assombrie d'autant.

Les chapiteaux des colonnettes sont sculptés de feuillages gras et recourbés, qui semblent dénoter la fin de la période romane, aussi bien que ceux des pilastres. Les rinceaux à grappes et feuillages du pilastre de gauche paraissent avoir été retaillés ; celui de droite est sculpté, de bas en haut, de deux rosaces et d'une demi-rosace, qui, elles, sont vraisemblablement d'origine.

La travée de chœur, reçue à l'Ouest par des piles composées que couronne le décor de deux rangs de petits disques déjà remarqué à l'abside, est couverte d'arêtes, comme les pseudo-croisillons ; la voûte n'est vraisemblablement pas romane, et les croisillons ne le sont certainement pas.

La nef du XIXe siècle ne manque pas d'élégance. Elle est voûtée d'arêtes surbaissées, que séparent des arcs-doubleaux reçus par un couple de colonnettes, assises elles-mêmes sur les tailloirs des colonnes rondes de grandes arcades, coiffées de chapiteaux toscans ; ces arcades sont en plein cintre. Les deux collatéraux, plafonnés, sont ajourés par de grandes baies en plein cintre, qui fournissent à la nef son seul éclairage. Leurs arcades de communication avec les pseudo-croisillons ont été obturées récemment par des claustra. L'intérieur de l'église vient d'être très sobrement restauré et remis en valeur ; c'est à cette occasion, semble-t-il, que l'ancien maître-autel a été enlevé.

A l'extérieur, le clocher carré a été construit en porte-à-faux sur l'hémicycle absidal, qu'il déborde à l'Est ; les étages supérieurs sont successivement retraités, au-dessus de la flèche octogonale couverte d'ardoises. Il ne semble pas que ce clocher puisse être confondu avec « une grande tour carrée, peu élevée », qu'évoque la visite pastorale de 1746 ; on sait d'autre part qu'en 1845, la commune ne disposait pas des fonds nécessaires pour le reconstruire après les dégâts qu'il venait de subir. On accède à l'église à l'opposé du clocher, par un haut emmarchement posé de biais ; la porte en plein cintre, sous oculus, est encadrée par deux contreforts rectangulaires. Une porte latérale rectangulaire s'ouvre sur la quatrième travée.

Mobilier

L'église ne conserve d'autre mobilier antérieur à l'agrandissement de la nef que :

- le beau bénitier sur fût, aujourd'hui placé à proximité de la chapelle (ou pseudo-croisillon) de gauche. Le pied, sur base carrée, a ses arêtes largement amorties en cavet et recourbées en volute au haut du fût où se lit, gravée, la date 1778. La vasque, taillée dans la même pierre, est de forme circulaire, avec décor côtelé en relief et rebord en saillie.

Parmi le mobilier du XIXe siècle, contemporain de la reconstruction de la nef, on mentionnera notamment :

- la jolie chaire menuisée, à escalier hélicoïdal. Les quatre panneaux de l'ambon sont sculptés des Évangélistes avec leurs symboles ; le dorsal, du Bon Pasteur. Le dais est couronné par des volutes qui supportent un ange dont les pieds sont posés sur un globe.

- les fonts baptismaux, placés au fond de l'église. Ils s'incorporent à un retable dont l'entablement mouluré, à fronton triangulaire rehaussé par une bordure de petits dés, est porté sur des pilastres cannelés que coiffent des chapiteaux corinthiens. Au-dessus de l'armoire baptismale, la partie centrale du retable est occupée par une toile peinte, à encadrement. Derrière le Christ, à gauche de la toile, un personnage debout déploie un linge ou une tunique blanche ; au sommet de la composition apparaît la Gloire de Dieu le Père.

- la statue de sainte Philomène, en bois doré.

On signalera encore : dans le chœur, deux petits vitraux modernes, réalisés par l'Atelier de Chapaize ; dans la chapelle du Saint-Sacrement, une plaque de marbre gravée, apposée contre le mur latéral. Elle rappelle le souvenir du « Père Louis Laroche, curé de Mussy, 1959-1978 : La paroisse reconnaissante ».

Note sur l'ancien maître-autel

Selon un extrait du registre de la fabrique en date du 12 juin 1817, le maître autel, « dont la reconstruction étoit ordonné par Monseigneur l'évêque de ce diocèse », avait été acquis sous l'administration de Jean-Marie Corneloup, ex-maire, grâce à une somme de 790 francs que lui avait remise Charles-Etienne de Noblet d'Anglure ; celle-ci provenait « d'un principal de trante neuf francs cinquante centimes au profit des pauvres de la dite commune, légués par dame Louise Dubost sa père » ; la donation fut reconnue et approuvée par les membres de la fabrique présents.

Note sur la translation du cimetière communal (cadastre du XIXe siècle, section A 976 et 977p)

La translation de l'ancien cimetière, situé autour de l'église, fut votée par délibération municipale du 10 août 1862. Le nouvel emplacement, à l'Ouest du bourg, fut acquis des quatre propriétaires suivants : Jean-Nicolas-Victor Lavillette, époux d'Anne-Nicole Poivre, propriétaire à Charolles ; Isidore-Xavier Merlin, propriétaire à Saint-Germain-du-Bois ; Thomas Simonard, époux de Benoîte-Marie Delphin, domicilié aux Forestiers ; Benoîte Desmurger, veuve de Philibert Laroche, propriétaire aux Mathys. Le coût de l'acquisition était de 1991,50 francs. Le financement fut couvert, en partie, par une imposition extraordinaire répartie sur quatre années (1863-1866). A l'acquisition de terrains proprement dite s'ajoutèrent les frais de clôture et de chemin de desserte ; d'où le vote, à la date du 10 août 1862, de la somme de 4047,60 francs, et, le 12 août suivant, de 190 francs pour couvrir les frais d'actes. L'opération de translation fut effectuée sous l'administration de François-Élie Sabatin, maire de la commune.

Le devis des travaux de clôture avait été établi le 1er juillet 1862 par l'instituteur Lhenry. Mais il fallut attendre l'année 1868 pour voir leur achèvement ; par délibération municipale du 28 juin fut votée l'exécution en régie des travaux laissés en suspens : « toiture des murs » dans leur totalité ; partie de mur manquant, et pose d'un portail en fer (Archives de Saône-et-Loire. Série O : Mussy ; Cimetière).

Documentation

Mgr Rameau, Les paroisses de l'ancien diocèse de Mâcon, ms., Archives de Saône-et-Loire, Série O 1407.
Archives de Saône-et-Loire. Série O : Mussy-sous-Dun.
Jean Virey. Les églises romanes de l'ancien diocèse de Mâcon. Mâcon, Protat frères, 1934, p. 346.

Source : Fiche établie par Mme A.M. Oursel, Inventaire du patrimoine, Mussy-sous-Dun, Eglise paroissiale Saint-Austrégésile, AD71, p. 1-8/12.

gif