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La famille de Noblet lors de la Révolution française


Source : Les Emigrés de Saône-et-Loire, par Paul Montarlot, Mémoires de la Société éduenne (1927, T45), BnF/Gallica.

NOBLET (Charles-Etienne), chevalier, marquis d'Anglure [1], seigneur de Mussy-sous-Dun [2], d'Esserteaux [3] et de Serrières [4], seigneur engagiste de la châtellenie de Vergisson [5], né le 7 mai 1739, à Lyon, d'Alexandre-Marie de Noblet d'Anglure et Chenelette, et de Louise-Jeanne du Bost de Petitbourg ; demeurant au château d'Anglure.

Lors des troubles de 1789, son château d'Esserteaux fut saccagé et pillé. Ayant quitté le département en mai 1791, il se retira à Oraison (Basses-Alpes), puis à Lyon, où il séjourna jusqu'au 22 juillet 1793. De retour en Saône-et-Loire et provisoirement établi à la Clayette, il fut arrêté le 29 brumaire an II (19 novembre), en passant à Marcigny, et détenu jusqu'au 18 brumaire an III (8 novembre 1794). Onze jours après son arrestation, l'administration départementale le porta sur la liste du 9 frimaire, - Noblet Danglure (Charles-Etienne), ex-noble, Mussy-sous-Dun. Inscrit également dans l'Ain, il demanda sa radiation au district de Châtillon-sur-Chalaronne [6]. Elle lui fut accordée le 14 pluviôse an III (2 février 1795), et confirmée le 24 thermidor (15 août) par le comité de législation.

Ses biens avaient été vendus. S'il rentra en possession de son château d'Anglure, ce fut en le rachetant. L'indemnité à lui due fut réglée à 7.699 fr. de rente représentant un capital de 256.644 fr. 05 c. Elle fut recueillie par son neveu et légataire universel Charles-Etienne-Adrien, comte de Noblet, qui suit. (F7 4834, 5577, 5599.)

NOBLET (Charles-Etienne-Adrien de), né le 12 juin 1770, à la Clayette [7], de Claude-Alexis, chevalier, marquis de la Clayette, baron de Trémont [8], seigneur de Varennes-sous-Dun, etc., ancien colonel au régiment de Piémont, lieutenant des maréchaux de France en Mâconnais et Charollais, chevalier de Saint-Louis, et de Françoise Lecourt de Pluvy ; officier d'infanterie, domicilié à la Clayette.

Un administrateur de Saône-et-Loire, Claude Circaud, avait eu des démêlés avec sa famille. La Révolution lui fournit l'occasion de satisfaire ses rancunes. Les Noblet, pour y échapper, se retirèrent à Lyon vers la fin de 1791. Mettant à profit les lois des 12 et 23 juillet 1793, Circaud fit prendre par le département un arrêté qui leur enjoignait de quitter cette ville et de rentrer à la Clayette. Le marquis s'y conforma dès le 2 août ; mais l'administrateur n'en provoqua pas moins son arrestation le 5 décembre, consentant toutefois, « vu sa vieillesse et ses infirmités », à ce qu'il fut seulement gardé à vue dans une auberge de Marcigny. On le transféra ensuite à l'hôpital, et il y était encore quand son élargissement fut prononcé le 30 brumaire an III (20 novembre 1794).

A l'instigation du même administrateur, ses deux fils furent inscrits sur la liste du 9 frimaire, - Noblet fils aîné (Adrien), officier d'infanterie ; - Noblet fils cadet (Charles-Etienne), fils de Claude-Alexis Noblet, la Clayette. Resté à Lyon pendant le siège, le marquis résida plus tard à Arles, puis à Pluvy, commune de Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône). Il se pourvut en radiation le 5 vendémiaire an III (20 septembre 1794). Ses justifications parurent suffisantes, car le district de Châtillon-sur-Chalaronne, auquel il s'était adressé, n'hésita pas à le rayer, et le Directoire confirma cette mesure par un arrêté du 13 thermidor an IV (31 juillet 1796). Grâce à l'intervention de l'ex-constituant de la Métherie-Sorbier, les biens de la famille n'avaient pas été mis en vente. La ville de la Clayette s'était réservé toutefois la jouissance du château et des sept domaines qui l'entouraient. Successivement caserne de gendarmerie, maison de détention pour les prisonniers de guerre, fabrique de salpêtre, l'antique manoir revint intact aux Noblet. (F7 5577 et 5599.)

NOBLET (Etienne-Angélique de), né des mêmes, le 29 avril 1772, à la Clayette ; ancien officier au régiment d'Enghien, demeurant à Paris.

Dès l'âge de huit ans, il avait été envoyé à Paris pour son éducation et jamais il n'avait résidé à la Clayette. Il y était si peu connu que l'administration départementale ne réussit pas à l'identifier sur la liste du 9 frimaire. Elle lui attribua, comme on l'a vu ci-dessus, les prénoms de Charles-Etienne qu'elle avait retranché à son frère aîné. Etienne-Angélique s'était retiré à Lyon avec ce dernier. Après le siège, l'administrateur ennemi de sa famille le dénonça à la commission révolutionnaire comme ayant servi dans les chasseurs de Précy ; mais le jeune homme put s'échapper. Le 5 messidor an III (23 juin 1795), il demanda sa radiation au district de Lyon. Sur un avis favorable, il fut rayé provisoirement, le 7 prairial an V (26 mai 1797), par l'administration centrale du Rhône, et définitivement le 7 thermidor an VI (25 juillet 1798), par le Directoire. Dans l'intervalle, il avait dû s'expatrier en exécution de la loi du 19 fructidor. (F7 5599.)

[1] Canton de Chauffailles, arr. de Charolles.
[2] Même canton.
[3] Commune de Bussières, canton sud de Mâcon.
[4] Canton de Tramayes, arr. de Mâcon.
[5] Canton sud de Mâcon. [6] Arr. de Trévoux.
[7] Arr. de Charolles.
[8] Commune de Varennes-sous-Dun, canton de la Clayette.

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