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L'église de Semur en Brionnois vue par Émile Sagot peintre et lithographe

Église Saint-Hilaire de Semur-en-Brionnais Église collégiale Saint-Hilaire à Semur-en-Brionnais Entrée principale de l'église de Semur-en-Brionnais Entrée latérale de l'église de Semur-en-Brionnais

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[Source : Voyage pittoresque en Bourgogne, 2e partie, département de Saône-et-Loire, 1833-1835, BnF/Gallica.]

On attribue assez généralement aux Brannoviens, dont César parle dans ses Commentaires, la fondation de la petite ville de Semur, qui aurait pris ce nom vers le cinquième siècle, de la caducité de ses murailles, sene murium. Toutefois cette étymologie, attribuée également à la ville de Semur-en-Auxois, n'a d'autre fondement, il faut le dire, que la tradition. La certitude historique ne remonte pas, pour la capitale du Brionnois, au-delà du dixième siècle. C'était, à cette époque, une châtellenie qui relevait du comté de Châlon, mais qui devint bientôt le patrimoine de comtes héréditaires, dont le nom se voit glorieusement mêlé aux plus anciens souvenirs de la Bourgogne.

Leur château, dont il reste encore quelques vestiges, eut à se défendre souvent contre les ducs du Bourbonnois, les comtes de Forez et les sires de Beaujeu. Il formait, de ce côté, la clé du duché de Bourgogne, et subit plus d'une fois les conséquences de sa position. Brûlé par les Normands et les Hongrois dans les septième et huitième siècles, il le fut de nouveau, vers 1150, par Guillaume, comte de Châlon, que Louis VII ne put chasser qu'avec peine du pays qu'il ravageait. Les Anglais, commandés par le prince Noir, incendièrent derechef Semur en 1364. Dans les guerres des Armagnacs, sous Charles VII, cette ville éprouva encore le même désastre ; enfin en 1576, pendant les guerres de religion, un dernier incendie compléta la ruine de cette malheureuse cité. Les troubles de la ligue ne lui furent pas moins funestes. Assiégée en 1590, 1591 et 1593, le peu d'édifices qui avaient échappé aux ravages antérieurs furent détruits ou cruellement mutilés. L'église fut pillée, ses vitraux brisés, ses titres dispersés, les objets d'art qu'elle renfermait enlevés ou perdus.

On croit que l'église de Semur remonte au commencement du douzième siècle, et la tradition du pays attribue sa fondation à Robert I, duc de Bourgogne, qui, ayant épousé Hélie, fille de Dalmace, seigneur de Semur, tua de sa main son beau-père dans un festin. Ce n'est toutefois qu'une erreur. L'église fondée par Robert, en expiation du meurtre qu'il avait commis, est l'église Notre-Dame de Semur-en-Auxois ; on peut voir, à ce sujet, la notice insérée au premier volume du Voyage Pittoresque en Bourgogne.

L'église de Semur-en-Brionnois, dont les sculptures ont échappé aux mauvais jours des discordes civiles, est un monument des plus remarquables par la simplicité élégante et gracieuse de son architecture. Située au haut de la ville, elle présente de loin un aspect pittoresque qui n'est pas sans analogie avec l'autre ville de Semur dont nous venons de parler ; toutes deux ont placé leur église sur le point qui domine la ville, imitant en cela cet esprit symbolique qui, partout alors, élevait la croix comme l'étendart protecteur sous lequel dormaient les cités.

Semur ne possède pas d'autres monumens que cette église. Les eaux minérales de Sainte-Marie-la-Vallée (Saint-Martin-la-Vallée !), et les mines de plomb de Saint-Christophe, sont les seules curiosités de ce pays.

Semur est à dix myriamètres neuf kilomètres de Châlon.

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