gif

Le bourg : habitat et propriétaires au XIXe siècle

Sur le pourtour de la place de l'église

Le plan dressé le 12 mars 1874 par le géomètre Routhier, à l'occasion de l'acquisition, par la commune de Saint-Igny, d'une parcelle de terre possédée par la veuve Déverchère, pour l'établissement d'un nouveau cimetière, et sa légende explicative (Archives de Saône-et-Loire, Série O : Saint-Igny-de-Roche), rendent compte de la faible densité de population et d'habitat sur tout le pourtour de l'église prolongé, à l'Est, par l'enclos triangulaire occupé par l'ancienne école de garçons et ponctué, à sa pointe orientale, par une croix toujours en place : cinq immeubles en tout, non comprise la « maison commune ». Parmi ceux-ci, le domaine sis en bordure du chemin vicinal n° 1 (aujourd'hui RD 201), propriété de Louis Petit a, depuis lors (1874) été arasé pour permettre l'allongement de la place publique après que la commune eût fait l'acquisition de cette parcelle pour donner plus de dégagement au-devant de la nouvelle église.

La parcelle à l'entrée Nord de la place de l'église (section A 10 de l'ancien cadastre) n'est pas encore bâtie sur le plan de 1874 ; on ne relève, de ce côté, que deux petits immeubles (parcelles A 9 et A 8) déjà construits au relevé cadastral de 1829 et possédée, à cette date, par Jean-Claude Déverchère et par Etienne Fillon ; vers 1874 par Jean-Marie Déverchère et par les « mineurs Déverchères » ; de ce côté Nord de l'église est simplement venu s'ajouter, à une époque plus récente, et dans la « terre de Vve (veuve) Déverchère » un pavillon moderne. Sur toute la longueur du côté Sud de l'église les « terres » se partageaient, en 1874, d'Est en Ouest, entre la veuve Déverchère et Louis Petit ; seuls étaient construits les bâtiments des « héritiers Aulas et Antoine Déverchère » à l'angle de la place et du chemin des Trêves.

Ancien domaine Déverchère-Aulas

Situation : à l'angle de la place de l'église et du départ de l'ancienne route conduisant aux Trêves ; côté Est ; section A 528 du cadastre du XIXe siècle (tènement A 527 à 529).

Historique : La veuve de Gilbert Déverchère est, en 1829, propriétaire des immeubles portés au relevé cadastral de la commune de Saint-Igny ; à partir de 1856 ils deviendront indivis entre Pierre-Marie Déverchère, domicilié à Saint-Igny, puis aux Tronchères, et Etienne Aulas (1) époux de Marie-Anne Déverchère. Les deux parts semblent avoir été, par la suite, réunifiées, puisque la totalité des taxes afférentes à ce bien foncier est acquittée, en 1873, par Antoine-Marie Déverchère ; en 1897-1898, par Jean Aulas-Deverchère. Le logis paraît avoir été remodelé à partir de 1873.

(1) Antoine Aulas, son frère, né le 22 janvier 1830, épousera le 11 juillet 1859, à Saint-Igny, Marie-Julie Ray, née le 11 mars 1836, fille du notaire Georges Ray, et de Jeanne-Marie-Philiberte Farges, domiciliés aux Tronchères.

Un Gilbert Déverchère, propriétaire et cultivateur, fils de Pierre et de Marie Verchère, décéda à Saint-Igny, le 14 octobre 1826, âgé de 58 ans (Jean-Pierre Déverchère, son frère, 35 ans, est témoin de l'acte d'état civil signé par Pierre Démurger, maire). Ce Gilbert Déverchere avait épousé le 30 mai 1813 (Saint-Igny) Jeanne-Marie Thomachot, née le 13 juin 1784 de Jean, cultivateur à Saint-Igny et d'Anne Burthier (Antoine Fleury, notaire est, à cette date, maire de la commune) ; parmi les témoins du mariage Déverchère-Thomachot figure François-Louis Monteret, âgé de 57 ans, curé de Saint-Igny.

Marie-Anne, née le 8 août 1815 des époux Gilbert Déverchère-Jeanne-Marie Thomachot épousa à Saint-Igny, le 25 décembre 1839 Etienne Aulas, propriétaire, cultivateur, né le 28 juillet 1817, à Chauffailles, de Pierre et de Jeanne-Marie Sambardier, décédés, respectivement, les 25 février 1852 et 2 avril 1858 ; le contrat de mariage fut reçu par Georges Ray, notaire à Saint-Igny, âgé de 32 ans ; parmi les témoins du mariage figurait Jean-Pierre Déverchère, âgé de 50 ans, oncle de l'épouse, donc frère de Gilbert Déverchère précédemment cité ; Claude Vaginay était en 1839 maire de Saint-Igny (1).

Description : Le domaine est constitué par une maison de maître (non antérieure au milieu du XIXe siècle) fermant la cour intérieure au Nord, dont le côté Nord donne directement sur la place de l'église ; le logis s'élève sur trois niveaux (rez-de-chaussée non surélevé et étages) protégés par une toiture à quatre pans soulignée par une corniche ; tous les percements sont rectangualires ; de plus petites dimensions à l'étage sous comble.

A l'Est de la cour intérieure, grand bâtiment de dépendances implanté dans l'axe Nord-Sud, sous toiture plate à quatre pans ; l'immeuble est prolongé en équerre, à son extrémité Sud-Ouest, par une aile plus basse et plus étroite, avec grenier ouvert à l'étage, sur poutraison ; le toit est à deux rampants. Le grand bâtiment de dépendances est porté au relevé cadastral de 1829, mais l'aile basse qui l'accoste lui est postérieure ; un muret interrompu, en bordure de route, la relie au logis proprement dit.

(1) Jean-Pierre Déverchère décéda le 26 août 1866, à l'âge de 78 ans, rentier et veuf de Benoîte Thomachot qui lui avait donné plusieurs enfants, parmi lesquels Victor, domicilié à la Bergerolle ; Jeanne, décédée le 22 mai 1867, tisseuse, âgée de 34 ans, épouse de Claude-Marie Chassignol, propriétaire et tisserand aux Lards (commune de Saint-Igny).

Immeubles à l'angle de la place de l'église et de la RD 201

Situation : Au Nord ; section A 10 du cadastre du XIXe siècle.

Historique et descriptions succinctes : Cette « terre » est en 1829, avec plusieurs parcelles voisines, la propriété d'Antoine-Marie Chetailles, domicilié aux Verchères. De Jeanne-Marie Moncorgé, son épouse (fille de Philibert et de Madeleine-Eléonore Dunière?), décédée à l'âge de 72 ans, le 25 janvier 1875, Antoine-Marie Chetailles eut plusieurs enfants, au nombre desquels Philibert, né le 23 août 1822, qui devint maire de Saint-Igny, et Pierre, tous deux témoins de l'acte de décès de leur mère.

Selon la matrice cadastrale de 1829, la parcelle portant le numéro de section A 10 devient indivise à partir de 1858 ; elle restera, en partie, dans la famille Chetaille : à Philibert jusqu'en 1897 ; à Louis-Joseph Chetaille, marchand de vins en gros, au bourg (1906) ; tandis que le nom de Claude Béverchêre, domicilié à Lyon, puis boulanger au bourg de Saint-Igny s'inscrit, pour partie également entre 1873 et 1907, suivi du nom de sa veuve, née Ray, à partir de 1907.

On remarque aujourd'hui, sur cet emplacement bien situé au cœur du bourg, au Nord de la place de l'église, et en bordure de la RD 201, trois éléments d'immeubles juxtaposés : l'un faisant l'angle, quadrangulaire et barlong, sous toiture à quatre pans ; le second, accolé au Nord, sous toiture à deux rampants, dont le pignon sur rue dépasse l'arête faîtière du logis précédemment mentionné ; le second immeuble étant lui-même flanqué d'un corps de logis un peu plus bas, à toit plat. A l'Est du logis d'angle subsistent deux ateliers disposés dans l'axe Sud-Nord de la RD 201, couverts de toitures en chevrons.

Ancien domaine Pierre Démurger

Situation : en bordure de la RD 201, côté Ouest ; immédiatement au Sud du manoir Van de Walle ; section B 737 du relevé cadastrale du XIXe siècle (tènements B735 à 738).

Historique et description succincte : Ce domaine, déjà porté au relevé cadastral de 1829, mais dont le logis d'habitation est postérieur a appartenu à Pierre Démurger, né le 29 juillet 1788 de Benoît et de Pierrette Goutard (née à Combre, Loire ; décédée à Saint-Igny, veuve, âgée de 60 ans le 19 décembre 1822), lequel décéda propriétaire et rentier, au bourg de Saint-Igny, à l'âge de 84 ans, le 21 novembre 1871 ; ancien maire de la commune de Saint-Igny, il avait épousé le 20 septembre 1830, à Saint-Laurent-en-Brionnais Claudine Ducray, née le 7 février 1808 de Barthélémy et d'Etiennette Mommessin domiciliés à Saint-Laurent ; Claudine Démurger, née Ducray (ou Ducret) était décédée le 1er janvier 1869, âgée de 62 ans. Les époux Démurger-Ducray laissèrent une descendance parmi laquelle figurent Jean, né le 6 avril 1832, propriétaire cultivateur aux Trêves, témoin du décès de son père avec Barthélémy, son frère, âgé de 32 ans en 1871, propriétaire au bourg ; et Henri, témoin de l'acte de décès de sa mère, âgé de 32 ans en 1869 , également propriétaire. Pierre Démurger ci-dessus mentionné était frère de Jean aîné, décédé célibataire aux Trêves le 21 juillet 1866, âgé de 77 ans, et d'autre Jean, également propriétaire cultivateur aux Trêves et âgé de 37 ans en 1830, à la date du mariage de Pierre Démurger avec Claudine Ducray.

La parcelle B 737 de l'ancien cadastre, immédiatement au Sud du manoir Van de Walle comporte, aujourd'hui, un logis reconstruit après 1829. Rectangulaire et disposé perpendiculairement à l'axe routier, le logis s'élève sur trois niveaux protégés par une toiture pentue à très petites croupes Est et Ouest ; dans le prolongement du côté Ouest est implantée une grange basse, agrémentée d'une lucarne médiane pointant de la toiture, au Sud, et donnant sur une cour intérieure ; contre l'extrémité Sud-Ouest de l'enfilade précitée a été construite, à une époque postérieure, une aile plus basse et en équerre.

Le domaine voisin, immédiatement au Sud (parcelles cadastrales B 739 à 742 du cadastre du XIXe siècle) avec petit logis rectangulaire également disposé perpendiculairement à la RD 20, a appartenu au siècle dernier à Jean-Marie Vadon, domicilié aux Tronchères.

Un peu plus au Sud et à peu près en vis-à-vis de la place de l'église et du domaine ayant appartenu à la famille Déverchère-Aulas se remarque, dans l'alignement et l'axe de la RD 201 un logis rectangulaire à deux niveaux, bien appareillé, sous toiture à quatre pans de petites tuiles plates ; il s'y adosse au Sud-Ouest un bâtiment de remise dont le toit à deux rampants ne dépasse pas le rebord de toiture du logis principal et dont la façade Sud est creusée d'une large ouverture charretière à linteau droit. Cet ensemble rural ne paraît pas antérieur au relevé cadastral de 1829.

Source : AD71, Inventaire du patrimoine, Saint-Igny-de-Roche, Maisons, 8 pages.

gif