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L'église de Saint-Martin-de-Lixy

Église de St-Martin-de-Lixy

Situation : le chef-lieu de la commune de Saint-Martin-de-Lixy n'est en fait constitué que de l'église, de la mairie, et d'une habitation privée, sur l'emplacement de l'ancien presbytère ; l'église occupe la parcelle A 235 du cadastre du XIXe siècle.

Époques : XIIe siècle : nef et chœur ; époque flamboyante : chapelle seigneuriale.

Protection : Eglise inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 13 mars 1950.

Historique

La paroisse de Saint-Martin-de-Lixy appartenait à l'ancien diocèse de Mâcon, et relevait de l'archiprêtré de Beaujeu. « L'église de Saint-Martin en la villa de Lixy », sise « au pays du Dun », est citée dès le milieu du Xe siècle comme étant « de la raison des chapitres de Saint-Vincent de Mâcon » (Cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon, n° 420, 954-960) ; le Pouillé du diocèse de Mâcon dressé en 1513 la déclare toutefois comme ses voisines de Châteauneuf et de Saint-Maurice, « à la présentation du chapitre de Saint-Paul de Lyon », puis, « dès 1645, des seigneurs de Barnay, les Damas, qui avaient acquis, en 1642, desdits chanoines les dîmes et rentes nobles du diocèse. Elle était en dernier lieu de l'archiprêtré de Charlieu » (Mgr Rameau, ms.).

La Visite pastorale de Mgr de Lort de Sérignan de Valras, en date du 19 juillet 1746, en donne la description suivante qui, à moins que le Visiteur ait mal vu ce qu'il avait sous les yeux, laisserait perplexe quant à l'authenticité du joli clocheton-arcade entièrement en pierre, tel qu'on le voit aujourd'hui : serait-ce un habile pastiche roman réalisé par les habiles tailleurs de pierre du lieu au XIXe siècle ?

« ... L'église est de deux parties, l'une compose le sanctuaire, voûté en coquille, blanchi, éclairé d'un vitrail et cadetté ; sur l'arc qui sépare la nef du sanctuaire, précise le compte rendu de Visite, est un campanier en forme de clocher en appuyant sur la voûte du sanctuaire des pièces de bois qu'on a enduites de plâtre ; il y a deux petites cloches bien sonnantes ; on descend au sanctuaire dans la nef par trois degrés en pierre en fort bon état ; ladite nef longue de trente-six pieds sur dix-huit de large et assez bien cadettée dans le milieu, et les cadettes ont besoin d'être relevées dans les côtés, éclairée de cinq vitraux, lambrissée, mais le lambris souffre beaucoup de la pluie qui y pénètre ; les murs intérieurs paraissent bons, mais ils ont besoin d'être enduits dans quelques endroits ; les murs extérieurs de l'église sont en bon état, mais la couverture à tuiles creuses a besoin d'être racommoddée ainsi que celle du porche qui est à la porte de l'église. Il n'y a point de crucifix au haut de ladite nef ... Du côté de l'épître et dans le sanctuaire, est une chapelle extra textum séparée par une balustrade de bois ; l'autel est en maçonnerie sur laquelle est une pierre de taille ; ladite chapelle est dépourvue de tout ; voûtée à arêtes, éclairée d'un vitrail, assez bien cadettée, la pluie y pénètre de toutes parts ; ladite chapelle dite des Clavières sert depuis longtemps de sacristie ». Ce sont probablement les armes de cette famille notariale de l'endroit qui sont sculptées à la clé de voûte de celle-ci. Selon les paroissiens, la chapelle appartenait pour lors à François Poyer, mais, n'ayant pu justifier de ses titres, il « cède alors et renonce aux droits qu'il pourrait avoir sur ladite chapelle, et la donne à la paroisse pour servir de sacristie, sous la condition qu'il n'entrera point dans les dépenses actuellement nécessaires pour mettre ladite chapelle en état, à quoi le sieur curé et habitants ont consenti » (ibidem).

Le Visiteur signale en outre, au haut de la nef, deux petits autels, l'un, à droite, sous le vocable de Notre-Dame du Scapulaire (tableau effacé) : « l'autel est en maçonnerie sur laquelle est une pierre de taille qu'on ignore être sacrée ou ne l'être pas » ; devant d'autel de « calmande rayée » . « L'autre autel, du côté de l'Evangile, est en tout semblable au précédent » ; le tableau représente « Notre Seigneur en croix, où sont à ses pieds la Sainte Vierge et sainte Madeleine ». La confrérie du Saint Scapulaire, fondée peu d'années auparavant, le 2 juillet 1739, fut révoquée par l'évêque à l'issue de la Visite de 1746, avec cet attendu que « le dit établissement ... n'a d'autre effet que d'appauvrir la fabrique en lui causant des dépenses qu'elle n'est pas en état de supporter pour le luminaire », la dite confrérie étant « très peu nombreuse ..., les confrères ne donnent rien, n'étant pas même en état de donner » (ibidem).

Depuis la Révolution, l'église de Saint-Martin-de-Lixy est annexe de Châteauneuf.

Description

« L'église de Saint-Martin-de-Lixy, assure l'Annuaire de Saône-et-Loire de 1856, n'a rien de remarquable que son antiquité » ! Petite, mais très attachante, et d'un réel pittoresque, elle se compose d'une nef rectangulaire, charpentée, et d'une abside semi-circulaire, voûtée d'un cul-de-four en plein cintre, que précède une courte partie droite : des traces de peinture murale se laissent observer ici et là sous l'enduit ; c'est sur cette section absidiale que s'ouvre à droite, mais assez détachée hors œuvre, la chapelle carrée, voûtée d'ogives et éclairée au Midi par une grande fenêtre à double remplace flamboyant ; sans doute s'agissait-il primitivement d'une fenêtre à deux formes, avec un meneau médian qui a disparu. La nef est éclairée, au Sud, par deux fenêtres en plein cintre, relativement hautes, et qui résultent d'un remaniement ; entre la fenêtre orientale et l'entrée de l'abside, une baie paraissant plus tardive, à linteau en arc segmentaire, a été murée. Au contraire, les fenêtres du mur septentrional subsistent, inchangées, de la période romane ; leur ébrasement n'est qu'intérieur ; à l'extérieur, elles ne s'inscrivent qu'à la façon de meurtrières étroites dont les linteaux en plein cintre sont creusés comme des échancrures dans des dalles monolithiques. Au niveau inférieur se voit, à l'extérieur, la trace d'une porte murée, à linteau droit, tympan et voussure constituée de petites pierres plates disposées dans le sens rayonnant ; à l'intérieur, il s'agit d'un simple renfoncement en plein cintre.

La silhouette extérieure doit son pittoresque essentiel au haut clocheton à double arcade appuyé sur l'extrados de l'arcade de communication de la nef et de l'abside ; monté sur un pan de mur aveugle et coiffé d'un petit toit pyramidal, le campanile (qui ne porte plus aujourd'hui qu'une cloche) est divisé par un couple de colonnettes rondes disposées selon l'axe longitudinal, et coiffées de chapiteaux de type assez indéfini, plus gothique que roman.

Compte tenu de la Visite précitée, on ne peut exclure qu'il s'agisse d'un pastiche rustique, mais habile, et peut-être postérieur de peu d'années, à celle-ci, qui n'avait sans doute pas trouvé en très bon état l'ouvrage antérieur. Quelques modillons de la corniche absidale sont ornés de masques de facture rudimentaire ou d'animaux.

Contre le mur extérieur est apposée la haute stèle funéraire de Claude Buguet, qui décéda le 7 avril 1876 à l'âge de 85 ans, et de son fils Jean, mort avant lui, le 5 mai 1869, âgé de 40 ans.

Source : AD71, Inventaire du patrimoine, Saint-Martin-de-Lixy, Église, 12 pages, photos p. 6-12.

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