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Histoire d'Iguerande

Groupe de vignerons à Iguerande

[Source : Mémoires de la Société éduenne, Tome 46, 1941, BnF/Gallica.]

M. l'abbé Terret donne lecture des premières pages d'une étude historique et archéologique, consacrée par lui au village d'Iguerande, commune du canton de Semur-en-Brionnais, arrondissement de Charolles.

En s'appuyant sur les travaux les plus récents de géographie de l'époque celtique, M. Terret rappelle d'abord quelles ont été les circonstances à la suite desquelles, selon toute vraisemblance, le nom d'Iguerande fit son apparition. Au moment de l'arrivée de César en Gaule, Iguerande était, sur les bords de la Loire, un poste avancé sur la frontière sud-ouest de ce pagus anonyme de l'Eduie, « dont la montagne de Suin parait avoir été le point central et qui comprenait..., avec le Mâconnais des temps postérieurs, la plus grande partie du Charollais et du Brionnais de l'époque féodale ». (Cf. M.  Chaume : Les origines du duché de Bourgogne. Seconde partie. Géographie historique, fascicule premier. Dijon, Rebourseau, 1927, in-8, p. 80 et n. 4).

Ne serait-ce pas peut-être à sa situation géographique à l'époque celtique et à sa proximité de la Loire, que la commune d'Iguerande serait redevable de son nom dérivé d'un vocable prélatin assez répandu, Igoranda, équivalent de Fines « frontière » ou peut-être d'« un terme apparenté de très près au latin aqua », permettant de croire qu'Igoranda signifierait « eau limite, frontière d'eau » ? (Cf. Bulletin philologique et historique, 1924, p. 83). Cette hypothèse, mise en avant pour expliquer l'origine du nom d'Iguerande, ne serait-elle pas admissible ?

Après avoir décrit le site dans lequel le village prit naissance, après avoir ensuite fait mention des richesses naturelles qui se trouvent sur son territoire et du trafic important qui s'y fait aujourd'hui en vins et en bestiaux, M. Terret donne quelques brèves indications sur le mouvement de la population depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'à nos jours. L'évolution accusée par le tableau statistique, donné par M. Terret, semble avoir été à peu près la même au bourg d'Iguerande que dans beaucoup d'autres communes de France. Le nombre des habitants, après avoir augmenté de 1770 à 1852, est, pour les mêmes causes générales, en régression lente, mais continue depuis cette époque.

M. l'abbé Terret présente ensuite une esquisse sommaire de l'histoire d'Iguerande. Si l'on peut admettre que ce village fut habité aux temps préhistoriques, comme son nom semble le faire supposer, d'après les données les plus récentes de la toponymie, on n'a pas cependant recueilli sur son territoire de vestiges remontant à cette époque, si ce n'est quelques débris d'animaux fossiles, apportés par les crues de la Loire et trouvés dans un des tumuli formés dans la suite des siècles sur la rive droite du fleuve. Par contre, le sol a livré un assez grand nombre d'objets gallo-romains : briques, meules, monnaies, fragments de vases et de poteries sigillées ; en outre, des restes de substructions de la même époque se rencontrent fréquemment sur un kilomètre de superficie, emplacement dont l'étendue témoigne de l'importance de la bourgade romaine.

Nous n'avons pas jusqu'ici de renseignements sur l'histoire du village au moment des grandes invasions et à l'époque mérovingienne. Le nom d'Iguerande apparaît pour la première fois dans les documents du haut moyen-âge vers le milieu du IXe siècle : le 8 novembre 846, Charles le Chauve, à la prière de Guérin V, comte de Chalon-sur-Saône, l'un des plus considérables parmi les grands de Burgondie, donne à un certain Acbert « un manse, avec une chapelle dédiée à saint André, dans la villa d'Iguerande en Mâconnais ». (Cf. Chaume. Les origines du duché de Bourgogne. Première partie. Histoire politique. Dijon, Rebourseau, 1925, p. 188). Cette villa, qui comptait sur son territoire, en dehors de la chapelle Saint-André, deux autres églises, celles de Saint-Marcel et de Saint-Jean-Baptiste, avait été démembrée. Un descendant des derniers acquéreurs, Bernard, parvint à la reconstituer dans son intégrité et en fit don en 938 à l'abbaye de Cluny. (Cf. Mémoires de la Société Éduenne, t. XXXVII, pp. 93-94). En 1088, après échange, la paroisse se trouvait sous le patronage des religieuses de Marcigny. Elles firent construire au sommet de la colline d'Iguerande l'église romane qui existe encore aujourd'hui et qui est classée comme monument historique. Placée d'abord sous le vocable de saint André, comme l'avait été l'un des oratoires carolingiens de la paroisse, cette église est aujourd'hui dédiée à saint Marcel.

M. l'abbé Terret s'est arrêté dans sa lecture à la description du monument. L'architecture de l'église nous est connue (Cf. Mémoires de la Société Éduenne, t. XVIII, pp. 354-360), mais sa décoration intérieure et extérieure n'a pas été encore étudiée. Aussi bien nous serions reconnaissants à M. l'abbé Terret de nous communiquer dans une prochaine séance la suite de son intéressant mémoire.

Compléments :

info Photo aérienne, carte IGN et carte d'état-major centrées sur Iguerande. Cadastre, relief, hydrologie et limites communales

info In pago Matisconense, in agro Iguerendes - juillet 893

info Enquête sur Iguerande en 1666 par l'intendant de Bourgogne Claude Bouchu

info Arrêt du conseil d'État du 4 janvier 1729 qui confirme la dame de Tronchy dans le droit de bac sur la Loire au port d'Iguerande, en Bourgogne

info Visite pastorale par Mgr de Lort de Sérignan de Valras évêque de Mâcon en 1746

info Description d'Iguerande par Claude Courtépée (1779)

info Villages, hameaux et écarts en 1783 d'Yguerande ou Iguerande

info Description d'Iguerande en 1856

info Histoire d'Iguerande (Frère Maxime Dubois, Monographie des communes du Brionnais, 1904)

info Description de l'église romane Saint André (ou Saint Marcel) d'Iguerande par Jean Virey

info Photographies de l'église romane d'Iguerande en Sud-Brionnais

info L'église d'Iguerande, un joyau roman édifié à la fin du XIe siècle

info La chapelle du Tronchy (base Mérimée)

info La fresque héraldique de la chapelle du Tronchy à Iguerande et la famille Patural (ou Pastural)

info Généalogie de la famille Patural et des seigneurs du Tronchy à Iguerande

info Le château du Champceau et les seigneurs de Chandon par François Ginet-Donati (1931)

info Généalogie des familles Chandon et Chandon de Briailles

info Iguerande dans l'Inventaire-sommaire des Archives départementales de la Loire antérieures à 1790

info Documents sur la seigneurie d'Iguerande aux Archives départementales de Saône-et-Loire, cote 99 J

info Notice communale (EHESS)

info Tous les toponymes d'Iguerande (CTHS)

info Site de la mairie d'Iguerande et histoire de la commune

info Blog de la commune

info Le musée d'Iguerande

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